Sexualité des séniors : est-ce la fin ?

Selon une enquête du Pr David Weeks, neuropsychologue de l’Hôpital Royal d’Édimbourg, qui a travaillé pendant dix ans auprès de 3500 hommes et femmes d’Amérique et d’Europe, trois rapports sexuels par semaine donneraient l’apparence d’avoir entre sept et douze ans de moins ! Weeks a interrogé ceux qu’il appelle « les superjeunes » sur leur vie intime et a relevé qu’après l’activité physique, c’est l’activité sexuelle qui permettait un rajeunissement apparent. Apparemment, plus de trois coïts par semaine n’apporteraient pas de bénéfice supplémentaire. Il précise également que la multiplication des partenaires ou l’infidélité ne contribuent pas à plus de jeunisme. C’est même l’effet inverse qui a été observé, cette dernière serait source de stress pour l’individu.

FAIM ?…

Quelque soit l’âge, le fonctionnement sexuel d’une personne se place dans le cadre biographique du couple et de ses annales. Une histoire relationnelle, professionnelle ou encore géographique : les pays d’Europe de l’Ouest rechercheraient plus l’épanouissement sexuel, avec de manière sous-jacente l’idée normative du mariage basée sur la qualité de la relation à deux alors que les pays asiatiques, par exemple, ne situent pas le bien-être dans un plaisir affectif : leur sexualité est davantage axée sur les buts reproductifs.

Au cours d’une vie, l’intimité sexuelle se renforce, s’atténue ou devient inexistante en fonction des épisodes vécus. Un couple vieillissant peut poursuivre avec intensité la sexualité déjà présente même si un rééquilibrage, selon les goûts ou les possibilités corporelles est évident. Il est même parfois de plus grandes sensations quand le temps d’érotiser les rapports est possible. Après une vie familiale et professionnelle remplies, les intérêts peuvent évoluer et se centrer à nouveau sur l’individu lui-même.

De nombreux cinquantenaires et plus sont en quête de bénéfices que la sexualité apporte. Au-delà du plaisir physique, le plaisir émotionnel devient une quête. Ce possible enrichissement vient notamment du fait que les comportements sexuels se sont élaborés, pour eux, autour de prémisses plus vastes ces dernières décennies. Ils refusent le simple coït. Il y a une amélioration réelle, notamment chez les femmes, dans l’aptitude à atteindre l’orgasme par des caresses manuelles ou buccales. Mais chez les deux sexes, une plus grande satisfaction est retrouvée dans un plaisir partagé. Avec un panel plus large d’expression de la libido, ils peuvent alors continuer à faire l’amour en évitant d’être directement confrontés à toute dysfonction sexuelle, s’il en est. Un des secrets de jouvence serait donc de faire l’amour régulièrement mais l’écoute de ses besoins reste l’unique source à cultiver.

… OU FIN ?

En effet, l’âge n’est pas une variable logique en lien avec la continuité ou l’arrêt du désir et on peut décider à tout moment que le sexe n’active plus la curiosité personnelle et/ou relationnelle. La période d’abstinence ou la décision de la cessation d’activité sexuelle peut ne rien avoir de pathologique. La baisse de désir peut venir : de l’andropause / la ménopause, de la volonté personnelle de prendre du temps pour d’autres activités (voyages, petits-enfants…), des dysfonctions sexuelles (troubles érectiles, manque de lubrification, anorgasmie…)… Les femmes sont d’ailleurs deux fois plus nombreuses à considérer que leur bien-être n’est pas en lien avec une sexualité active.

L’abandon des rapports sexuels est souvent le résultat d’un ensemble de réactions en cascade. Après un divorce, une sensation d’échec, une maladie, une anxiété… ce sont des conduites d’évitements qui prennent place. La créativité n’étant pas toujours au rendez-vous pour que le coït sans contrainte fasse évoluer la situation, c’est alors l’éloignement qui s’impose. Pourtant, en majorant la tendresse ou les préliminaires qui ne demandent aucune performance physique, la libido peut à nouveau faire surface.

LA CONSULTATION POUR Y VOIR PLUS CLAIR

Pour être aidé, toute problématique peut être traitée en consultation sexothérapeutique. On ne retrouve pas en RDV que les difficultés mécaniques, il y a aussi tout un travail à ne pas négliger sur les croyances qui peuvent empêcher les retrouvailles.

Un exemple courant, celui des compagnes face au aux troubles érectiles :

  • la femme qui se sent “coupable” des pannes de son compagnon, considérant qu’elle n’a plus de pouvoir attractif sur lui alors qu’il s’agit d’une dysfonction sexuelle qu’il peut régler seul.
  • la femme qui encourage la prise de médicaments, pensant amoindrir la difficulté de cette situation pour l’homme, alors que c’est la dévalorisation qu’il ressent.
  • la femme inquiète qui se persuade que son conjoint n’a plus d’érection parce qu’il a une maîtresse.
  • la fausse résignée qui accepte avec soulagement l’impuissance de son compagnon sans lui montrer.
  • la femme fataliste qui, de peur de blesser et/ou par difficulté à communiquer sur un sujet considéré comme sensible, met un terme définitif à leur vie sexuelle de couple.

Il faut surtout savoir s’écouter, communiquer sans dramatiser sur ce sujet dans le couple, se faire confiance et savoir ce qu’on en pense pour soi. Le principal pour un bon équilibre étant que cela convienne aux deux. Il n’y a pas de normalité, juste une réalité à prendre en compte.