SE RECONNAÎTRE HOMOSEXUEL OU HOMOSEXUELLE
Homosexuel ou homosexuelle : être attiré sexuellement ou sensuellement par un individu de même sexe.
HOMOSEXUALITÉ : CONSIDÉRATION HISTORIQUE RÉCENTE
En 1960, la loi considère toujoursl’homosexualité comme un « fléau social » au même titre que l’alcoolisme ou la prostitution. En 1968, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classifie l’homosexualité parmi les maladies mentales. C’est seulement en 1982 que cette orientation sexuelle est dépénalisée. Il faudra attendre 1992 pour que l’homosexualité soit déclassée au niveau médical. Rappelons que l’homosexualité n’est ni une pathologie ni une perversion, ce n’est pas un choix mais une orientation sexuelle. Il s’agit d’une attirance sexuelle ou sensuelle chez un individu de même sexe. Il n’est pas question de sentiments (ils peuvent – ou pas – se développer par la suite) mais bien de désir érotique. Cela survient de manière impromptue. Cet attrait n’est donc pas forcément suivi d’un passage à l’acte. Cette envie peut donc être niée, devenir un fantasme, se vivre épisodiquement, de manière visible ou non, s’assumer dans un cadre restreint ou public. Pourtant, l’homosexualité n’est toujours pas simple à affirmer. Les chiffres sont éloquents : les jeunes homos commettent environ 8 fois plus de tentatives de suicide que les jeunes hétéros. Assumer cette réalité et être fidèle à soi-même demande du courage.
HOMOSEXUEL(LE) : LA RÉALITÉ D’UN QUOTIDIEN
6 à 10 % des hommes se considéreraient comme exclusivement homosexuels, pour environ 5% de femmes. Elles sont plus nombreuses à avoir vécu des relations sexuelles avec une personne de même sexe mais cela n’implique pas, pour autant, une orientation homosexuelle établie. Il est fréquent qu’à partir de l’adolescence, des échanges sexuels entre jeunes femmes se jouent, d’autant que ces expériences sont admises voire valorisées. Cela n’empêche en rien leur possible attirance envers les garçons. Si l’on transpose cela chez les jeunes hommes, pour qui l’attirance pourrait ne pas se cantonner aux personnes de même sexe, tout se complexifie. Notamment car la question de pénétrance entre hommes est moins source de fantasmagorie. Il n’est pas coutume pour deux jeunes hommes de se laisser aller au plaisir de la chair de manière spontanée, juste par pulsion, découverte, envie… Pourtant à cet âge, de nombreuses confusions font surface car nous sommes tous psychiquement bisexuels. L’admiration, les amitiés passionnelles voire parfois fusionnelles se déclinent régulièrement par des expériences sensuelles. Mais nombre de jeunes grandissent avec l’idée que la sodomie est une obligation sexuelle chez les gays, qu’il n’y a pas d’autres hypothèses érotiques là où l’idée de la sensualité prime dans les actes lesbiens. Ce sont souvent ces croyances qui ne laissent pas entrevoir d’autres éventualités que le couple officiel et qui catégorisent leur identité sexuelle. Par exemple, un gay est forcément efféminé, il y a inévitablement un passif et un actif et un passage à l’acte… Comment dès lors s’engager, ne serait-ce que dans une relation furtive sans la peur d’être jugé ?
LA FORCE DES IDÉES REÇUES
De multiples études (médicales, psychanalytiques…) ont été faites pour déterminer l’attirance homosexuelle mais rien ne confirme une détermination donnée. Une préférence sexuelle et/ou amoureuse est le reflet d’une combinaison diversifiée. Pourtant, de nombreuses questions s’entrechoquent encore lorsque l’on évoque l’homosexualité. Des préjugés tels que le choix par défaut ou la peur de l’autre sexe sont fréquents.
Et quand l’évidence est reconnue, puisque la personne homosexuelle sort de la norme, c’est la honte, la culpabilité qui rendent difficiles à assumer cette préférence. Contrairement au jeune hétéro, l’homo tourne la question suffisamment longtemps en connaissance de l’étiquetage qu’il va subir. Comment en être sur ? Jusqu’à quel point mon envie amorcera la lourdeur des jugements de valeur ? Quelle image ai-je moi-même de l’homosexualité ? Plus mon entourage social et familial est empli de croyances, plus je risque d’intérioriser une forme d’homophobie et de m’associer moi-même à quelqu’un d’ « anormal ».
S’ACCEPTER POUR MIEUX ÊTRE ACCEPTÉ
Le couple homosexuel n’est donc pas validé dans ce qu’il peut avoir d’unique. Il est toujours comparé au couple hétéronormé, donc vu comme stérile et déviant. Longtemps condamnés par la morale religieuse puis sociale, les homosexuels ont subi l’incompréhension d’une société bien pensante et malgré une forme de libération des mœurs, l’homophobie est toujours virulente dans notre société. Pour celles et ceux pour qui l’évidence fait surface, accepter son homosexualité reste un parcours plus difficile qu’un jeune hétérosexuel qui n’a pas à le déclarer ! Etre homo, c’est marquer sa différence. Le plus injuste étant de devoir se justifier d’une intimité en société. Il est impossible d’y échapper si l’épanouissement individuel est recherché. Comment s’entourer, se trouver, consommer, tomber amoureux, partager avec ceux que l’on aime en étant caché ? Si ce n’est uniquement pour vivre des relations sexuelles sans lendemain ? Un investissement amoureux, un réseau social, une intégration demande alors de la volonté pour entamer le processus du coming-out (déclaration publique auprès de ses proches et moins proches de son orientation sexuelle affirmée et assumée). Malgré des aveux encore trop souvent vécus dans la douleur, la compréhension est aussi présente et libératrice, à court, moyen ou long terme… Des études prouvent même que ce serait une des clés pour faire diminuer dépression et anxiété. Une intolérance sociale conduisant, à l’inverse, à une détresse pour l’individu.