Préconjugalité et érotisme chez les 18-20 ans

 


Quand ils cohabitent avec les parents, le problème majeur est qu’ils puissent vivre leur intimité
, et d’autre part qu’ils soient toujours sous l’autorité parentale qui exige leur coopération au sein de la vie de famille.

Quand ils sont indépendants, ils s’épanouissent davantage sexuellement mais rencontrent des difficultés dans la gestion du quotidien.

Alors pourquoi ce choix ? Voici les 5 situations les plus fréquentes :

Ils voient le couple comme une fusion et sont en général dans une dépendance affective.

Le soutien de l’autre est un devoir. Les garçons s’inscrivent dans cette démarche et ce sont les difficultés qui les ont attirés vers elles. Parfois leurs histoires personnelles se font échos pour favoriser leur intimité. Combler un manque affectif est une des raisons d’être ensemble, ils attendent de l’autre qu’il répare ce qui est du passé.

La famille les met dehors, il y a alors une nécessité matérielle et financière d’être pris en charge et vont vivre dans la belle famille.

Ils sont ensemble par intérêt. Ils étaient copains, faisaient leurs études dans la même ville et l’un est venu vivre chez l’autre : se loger ainsi, c’est moins cher !

L’enfance a favorisé une maturité précoce, par exemple dans le cas de violences familiale.

Voici comment se décline leur vécu érotique :

1er rapport :16 ans. 80% sont insatisfaits : conditions matérielles, manque d’expérience, stress. 20% sont satisfaits : leur partenaire était plus expérimenté, à l’écoute, les sentiments étant importants.

65% des jeunes sont satisfaits de leur vie sexuelle. La confiance, la bonne entente, les sentiments, la fusion, l’importance des préliminaires sont cités. Ils ne parlent jamais de jouissance. Dans 4 cas sur 10 le rapport n’est pas jugé important. 25% des jeunes ne sont pas satisfaits. L’éjaculation précoce, le manque, l’absence, l’excès des préliminaires, la routine, associé souvent à un mal être vis-à-vis de leur corps sont cités.

Voici comment ils s’épanouissent à travers leur fonction érotique :

Pour la majorité, leur vie sexuelle n’est pas si épanouissante qu’ils l’espéraient ou l’imaginaient. Ils pensent que le soutien amoureux est le plus important et que le bonheur sexuel suivra.

15% des filles parviennent à la jouissance à chaque rapport. 10% ne savent pas ce que c’est. 5% disent l’avoir vécu et plus maintenant. 70%disent le vivre assez souvent mais pas à chaque rapport. Ils sont très classiques dans leurs pratiques sexuelles et le baiser semble peu présent. 60% disent n’avoir aucun fantasme.

Voici les difficultés les plus fréquemment rencontrées :

L’éjaculation précoce, la difficulté à lâcher prise, l’absence de communication, la difficulté à parvenir à l’orgasme, la jalousie, la routine dans les rapports sexuels, les divergences dans leurs désirs, le fait d’être mal à l’aise avec son corps.

Ces couples tentent, à travers des habiletés personnelles, de satisfaire une grande soif d’amour et de tendresse. Derrière une vie sexuelle précoce se cache des carences affectives. Ils recherchent des objets d’attachement du passé pour en jouir, pour être complété et réparé par l’autre. Ils sont en recherche d’absolu. Ils se structurent ensemble avec le poids du passé. Ces rencontres sont signes de malentendus. Cette attente d’être réparé et complété par l’autre est un leurre.

A travers des habiletés émotionnelles, il y a, chez ces couples, un contrat d’exclusivité qui se met en place très rapidement. La jalousie, la possessivité qui découle de l’angoisse d’abandon, met le couple en danger. Derrière cette volonté d’emprise se cache toujours une dépendance affective. Liée à cette dépendance, la co dépendance : ils sont attirés par des individus qui ont des symptômes plus marqués.

A travers les habiletés érotiques, il y a ceux pour qui l’acte sexuel est une réponse à des besoins physiologiques, ceux pour qui c’est un moyen de communication, une fonction érotique qui va resserrer le lien. Peu de jeunes semblent se sentir propriétaires de leur excitation sexuelle. Les filles ont des difficultés à s’autoriser le plaisir sexuel. Ils ont de la peine à objectiver par l’imaginaire érotique.

En tant que sexologue, je pense qu’il faut oser s’exprimer dans le couple. La vie sexuelle est un moyen de communication en soi. Il s’agit pour chacun de renforcer son potentiel érotique pour le mettre au service du couple. Il faut aussi explorer et faire évoluer son potentiel érotique pour créer « une boite à jouets » dans laquelle on pioche de nouvelles manières de s’approcher, de se toucher, de jouer…. Pour cela ils devront chercher le calme et la tranquillité ; prendre conscience des rituels qu’ils mettent en place ; dépasser les tabous, identifier leurs désirs, explorant l’inconnu ; apprendre la consolation qui est l’antidote de l’agressivité.

L’enquête a montré qu’il était difficile de prédire l’avenir des partenaires car statistiquement, il y a une forte fragilité des unions pour les couples en cohabitation si jeune. Les chiffres de l’enquête EHF de 1999 le confirment.

Les habiletés émotionnelles, érotiques étant souvent déficientes, le couple précoce est fragilisé. Le rôle du sexologue sera d’être accompagnateur en partant de leur réalité. La mise en couple répond à un besoin présent de soutien, d’écoute, d’intimité, le risque étant que les membres du couple n’évoluent pas de la même façon ou en même temps, créant ainsi un fossé qu’il ne sera pas toujours possible de combler.

2 commentaires

  • Une petite louloute Posté 2 février 2008 19 h 49 min

    De 22 ans je suis restée avec mon ex ami de 17ans à 21 ans. j’ai eu mes premières expériences sexuelles et nous avons vécu ensemble pendant 1an…
    Je reconnais en effet le besoin de soutien dans mes études durant cette période, mais aussi la fragilité de notre couple à cause du manque d’éxperience de jalousie inutile, de dispute et de séparation du au besoin mélangé d’indépendance affective et de peur après 4 ans j’ai enfin pris la décision de me séparer de lui (la peur de l’abandon s’est évaporé car j’ai muri) malgré les sentiments que j’ai pu éprouver pour lui je me suis sentie libérée, j’ai avancé par rapport à moi même je suis indépendante et très heureuse.
    Je continue ma vie avec cette expérience qui m’a tout de même bcp apporté, je vois la relation de couple totalement differement je sais ce que je ne veux pas.
    Aujourd’hui, je vis une autre histoire il est aussi un peu plus agé nous travaillons tout les 2 et nous envisageons de vivre dans le repect de chacun en étant à l’écoute des envies et besoins de l’autre. Nous nous aimons et j’ai l’impression que mon couple est fort nous communiquons bcp mais je sais que le suis encore jeune et que je vais encore évoluer et j’en suis heureuse !!

  • Claudie Douge Posté 3 février 2008 19 h 53 min

    Votre histoire, “petite louloute” est rassurante et fait plaisir.
    Naturellement, la maturité, l’expérience de vie, de couple, nous font avancer et évoluer. Notre vécu, avec ses moments heureux mais aussi douloureux nous apportent forcément des bénéfices secondaires si nous savons les repérer et les mettre au service du couple. Vous l’avez exprimé clairement : mieux se connaitre soi-même dans ses désirs, ses besoins, prendre conscience de ce qui nous fait femme, de ce qui nous fait jouir et le partager avec son partenaire participe à un épanouissement personnel qui favorisera l’harmonie du couple. Chacun restera lui même tout en se fondant dans l’autre. Accueillir l’autre en soi est un apprentissage de toute une vie qui vaut la peine d’être vécu…

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