Au fil des siècles, il s’est perfectionné… plus accès sur le plaisir pour ne pas qu’il ait cette résonance unique de protection « contre » des infections et la fécondation mais plutôt de protection « par amour » afin de préserver notre moitié, le préservatif (surtout masculin) s’est érotisé à travers sa souplesse, ses couleurs, ses goûts, ses tailles, ses textures, ses lubrifications… divers et variés. Le « Je t’aime donc je te protège » est devenu plus pertinent, plus amusant, plus ludique !
Mais connaissez-vous vraiment son histoire ?
Plusieurs hypothèses existent quant aux noms qu’on lui donne…
Une des théories les plus répandues est celle qui dit que l’origine du mot préservatif serait due à son inventeur Monsieur Condom, qui travaillait à la cour du Roi Charles II mais on y attache en général peu de crédibilité… L’histoire du Docteur Condom fut quand même adoptée par les Encyclopédistes et auteurs de Dictionnaires : Pierre Larousse, Louis-Nicolas Bescherelle, Emile Littré…
Une autre théorie dit que le nom est dérivé du mot latin « condu », qui veut dire « respect » et de « condere » qui veut dire « cacher ou protéger ».
Enfin, une autre version de l’origine étymologique du condom affirme qu’il serait le fait des bouchers des abattoirs de la ville de Condom, au cœur du Gers (traversée par la rivière Baïse) qui eurent l’idée, grâce à des morceaux d’intestins d’animaux, de se prémunir contre les maladies vénériennes. Si les abattoirs étaient particulièrement nombreux dans la région, rien ne permet d’affirmer que ces derniers soient responsables de la découverte du mot ou de l’objet qui s’y rattache…
L’usage du préservatif remonte à plusieurs millénaires, voici son p’tit bout de chemin :
La plus ancienne “preuve” est une statuette égyptienne qui date de 6.000 ans Avt J.-C., on y voit un Égyptien muni d’un “étui” anti-contraceptif. Les « fourreaux Égyptiens non-contraceptifs » étaient utilisés par les chefs de tribu en tant que protection contre les infections, blessures et piqûres d’insectes.
Au cours de la XIX dynastie (1350 – 1200 avant notre ère) le « préservatif » en lin était destiné à se protéger des maladies.
Les Romains, au 1er siècle avt J.-C., connaissaient, eux, une forme de condom, fabriqué à partir d’intestins ou de vessies d’animaux.
La première évidence de l’utilisation du « préservatif » en Europe remonte vers 100-200 de notre ère, sur des peintures pariétales à Combarelles (Dordogne) en France. Un dessin montrerait un homme et une femme faisant l’amour, et où le pénis de l’homme serait « protégé ».
L’existence du préservatif se précise autour du 10ème siècle de notre ère en Asie. Les Chinois optent pour le papier de soie huilée et les Japonais connaissent sous le nom de Kabuta-gata, des accessoires fabriqués en écailles de tortues ou en cuir qu’ils rangent dans des « boîtes joyeuses ». Ces « préservatifs » pouvaient, grâce à leur rigidité, leur servir de godemichés…
Au 16ème siècle, c’est l’anatomiste et chirurgien italien Gabriel Fallope, qui est l’inventeur du « fourreau d’étoffe légère », fait sur mesure, pour protéger des maladies vénériennes. Il conduit même des essais sur 1.100 hommes dont les résultats sont publiés en 1564 sous le nom deDe morbo gallico. Il mentionne à propos de cette invention : « Demum cum coiverit ponat supra glandem et recurrat praeputium », phrase que l’on traduit souvent par « Seulement lorsqu’il aura des rapports, qu’il le place sur le gland et fasse revenir le prépuce ».
Mais de nombreux latinistes remarqueront que « coiverit » (futur antérieur) signifierait « aura eu des rapports ». Voilà donc notre premier préservatif devenu une simple compresse hygiénique, à utiliser après une relation sexuelle. Cette invention baptisée « Gant de Vénus » par Shakespeare, peu fiable tant dans son étanchéité que dans son maintien fut rapidement abandonné.
A cette époque, le préservatif est toujours constitué d’un boyau animal, il n’est ni confortable, ni très sûr, ce que remarque d’ailleurs la Marquise de Sévigné dans une lettre à sa fille : « c’est une cuirasse contre le plaisir, une toile d’araignée contre le danger ».
Au 17ème siècle, reprenant un procédé ancien de pellicules fines et transparentes facilitant la cicatrisation des plaies ulcérées et des brûlures, le caecum de mouton fut utilisé par des parcheminiers, et tout en conservant sa forme de fourreau mais en le fermant d’un côté, ils créerent, ainsi, un préservatif toujours dans l’idée de traiter des maladies vénériennes.
Face à l’évolution et à l’utilisation de plus en plus répandue de cette invention, des industriels et des hommes d’affaires s’emparèrent de ces petites cuirasses, décidèrent de les fabriquer et de les mettre en vente, sous le nom de Condom.
Casanova et les libertins du 18ème siècle se servirent abondamment du préservatif comme d’un antivénérien mais l’objet passa très vite des « mauvais lieux » et de l’alcôve de l’adultère, au lit conjugal où il remplaça le « retrait ».
Mais il faudra attendre la Révolution française puis les mœurs « faciles » du Directoire pour voir l’utilisation et le commerce du préservatif légalisés. Ce commerce, pour lequel les vendeuses étaient d’ailleurs entraînées à avoir l’œil juste pour évaluer les tailles afin de ne vexer personne… Il devint rapidement des plus florissants. C’était l’époque où les longueurs des préservatifs étaient multiples et les hommes trop souvent vantards… (Ca a vraiment changé ?) Il fallait donc savoir discerner le client prétentieux de celui qui, par manque d’assurance, pouvait induire en erreur le marchand, le conduisant à sous-estimer la taille…
Les préoccupations des révolutionnaires vont tout de même orienter le préservatif sur un autre terrain que celui du seul plaisir : le contrôle des naissances préoccupe. La fécondité sera d’ailleurs en baisse sensible, ce que Condorcet confirme en 1793 en affirmant que la limitation des naissances est nécessaire… conséquence de l’augmentation de l’espérance de vie.
Cinq ans plus tard, en Grande-Bretagne, Malthus publie un essai établissant que la population s’accroît plus rapidement que les richesses naturelles. Le malthusianisme prône donc aussi la limitation des naissances, essentiellement par l’abstinence, seule façon à ses yeux d’éviter la misère. Paradoxe à l’époque où le préservatif devient dans de nombreux esprits ouvertement…contraceptif.
Ayant été reconnu utile pour la prévention des infections, ce n’est que plus tard que sa double fonction protectrice sera reconnue, il permet aussi d’éviter les grossesses non désirées !
Dans le courant du siècle, une amélioration sera apportée au préservatif, lorsque le lin sera trempé dans une solution chimique puis séché avant emploi. Ce fut les premiers spermicides sur les préservatifs.
Conçu à partir d’un intestin animal, ce préservatif français d’environ 20 cm et datant du début 19ème siècle possède un galon de soie lui permettant d’être maintenu sur le sexe. Pour l’anecdote, ce qui en fait une pièce historique demeure la scénette présente sur le préservatif : une religieuse désignant d’un doigt assuré, parmi trois ecclésiastiques en érection, son futur amant, annonce : « Voilà mon choix ! »
En membrane animale, les préservatifs pouvaient être réparables. Le texte suivant, datant de 1808, en est la preuve : « Si la membrane travaillée a été légèrement perforée, alors on bouche les trous en collant des lambeaux membraneux dessus. On s’aperçoit de ces reprises à l’éclat particulier de la colle lorsqu’on examine la membrane du côté et des retouches à l’intérieur de la capote. L’humidité détache souvent les retouches pendant le coït, les pièces collées sur les trous et la membrane même la mieux raccommodée peuvent alors se déchirer complètement au moment où sont intégrité importe le plus ».
En 1843-1844, Goodyear et Hancock commence la production en masse de préservatifs fait à base de caoutchouc vulcanisé. La vulcanisation est un procédé qui rend le caoutchouc brut en produit élastique très résistant. Les préservatifs en caoutchouc du début du siècle étaient lavables et réutilisables. “… Si l’on veut se servir d’un préservatif en caoutchouc à plusieurs reprises, il faut d’abord le choisir plus grand à cause de son rétrécissement et le laver dans une solution de sublimé et l’essuyer à chaque fois que l’on s’en est servi. Après une insufflation d’air pour s’assurer de son intégrité et de sa résistance et pour enlever les plis, on saupoudre le condom à l’aide de lyocopode acheté à la pharmacie ou de talc que l’on se procure chez le marchand de couleur, et après avoir tourné et retourné le condom dans cette poudre, on l’enroule sur deux doigts pour le conserver à l’abri de la lumière, de la chaleur et du froid excessifs. Il faut également préserver le caoutchouc du contact avec les corps gras (huiles, graisses, vaseline, paraffine), l’acide phénique, etc., qui le dissoudraient … “
Un certain Mac Intosh, britannique de son état et spécialisé dans la confection d’imperméables, se met à fabriquer industriellement en 1870 des capotes en caoutchouc appelées “feuilles anglaises”.
Vers 1880, le premier préservatif en latex est produit mais il faudrait attendre les années 1930 pour que son utilisation se répande.
La richesse et la diversité des produits débutent dès le début du 20ème siècle : les préservatifs sont parfumés, ont des formes et des textures surprenantes et même un réservoir ( c’est une nouveauté en 1901 ). Ils portent les noms évocateurs de “Crocodiles”, de “Rival protecteur” ou de “Voluptueux” et sont lavables ! N’en déplaise à notre sens de l’hygiène ainsi qu’aux fabricants actuels qui ne cessent de clamer que « le préservatif ne sert qu’une seule fois », la capote de la Belle Epoque était garantie cinq ans ! On n’ose imaginer le moindre service après-vente pour ce type d’ustensile, ni la moindre réaction de clients contestant un vice de fabrication après quelques années de tendre complicité… Ainsi, après avoir été lavé, séché et talqué, le préservatif attendait… la prochaine fois !
Au début du 20ème siècle existait aussi un préservatif féminin « Le Pratique » qui connu un franc succès. Il disparu pour renaître en 1992 sous le nom de « Femidon ».
Les années 1900 voient parallèlement la naissance des premiers « bibis chatouilleurs », « porc-épics » et autres capotes aux extrémités fantaisistes.
Une deuxième révolution dans la production de produits en caoutchouc, dont le préservatif, est l’utilisation du latex liquide à la place du caoutchouc. Les techniques de production connaissent également une évolution grâce à l’automatisation.
Puis le préservatif est interdit, en France, après la première Guerre Mondiale. L’Angleterre ne semble pas succomber aux diktats de la politique nataliste et les femmes anglo-saxonnes voient même le préservatif comme une aubaine, une nouvelle forme de liberté, celle de choisir ou non sa grossesse. Leur argument est de taille : « Plus de femmes meurent durant leur grossesse que dans les mines ».
Il connait en revanche un succès croissant aux Etats-Unis : les GI’s en emportent dans leur paquetage… La fabrication des préservatifs n’est pourtant pas admise dans tous les Etats ! La société gagne la confiance des drugstores, qui, outre-Atlantique, font office de pharmacie, après que les préservatifs eurent été l’exclusivité des bars, billards et bureaux de tabac.
En 1930, la fabrication de latex liquide remplace le caoutchouc crêpe. Aujourd’hui encore, ce latex est à la base de la fabrication des préservatifs.
En 1961, la marque DUREX commercialise le premier préservatif lubrifié.
La France, n’autorise la publicité sur le préservatif qu’en 1987, sous réserve d’obtention d’un visa de la part de l’Agence de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé, au même titre qu’un médicament.
Les années 1990 permettent aux nouvelles technologies une amélioration considérable du préservatif et la production de modèles beaucoup plus sophistiqués que ceux que connaissaient nos ancêtres.
Actuellement, le seul moyen contraceptif efficace pour l’homme et la femme, reste le préservatif. Mais ce dernier risque bien d’évoluer avec la mise au point en novembre 2000 par Michel Bergeron (Professeur à l’Université de Laval au Québec) d’un gel contraceptif inodore, incolore et imperceptible, protégeant contre les IST et même du virus du sida. Ce gel, baptisé « préservatif invisible », est composé de deux ingrédients : un gel polymère (liquide à la température extérieure, mais qui se gélifie à température corporelle) combiné d’un germe comme le sulfate de sodium laurylé. Pour l’instant, la méthode testée sur des souris a donné de bons résultats.
L’avenir nous dira si ce gel est applicable à l’homme…
Sources: Lip Tay, ouvrage de 1908 sur la préservation sexuelle, Besok.com, Monsieur Denis Goncalves (Collectionneur) Thèmes Collections, A.B.A. SMILE &; HEALTH, Wikipédia, Durex, Goldcondom, HomoFesty, “La petite histoire du préservatif” par Vincent Vidal.