Milène Leroy, sexologue, nous en dit plus sur les rencontres géolocalisées rendues possibles avec des applications spéciales pour nos smartphones…

LES RENCONTRES PAR GÉOLOCALISATION : QU’EST CE QUE C’EST ?

Il s’agit d’applications de drague disponibles sur smartphones. Leur atout commun ? La localisation dans les 2km à la ronde d’un(e) célibataire (ou pas) à la recherche d’un amant/d’une maitresse.

A la base créées pour des rencontres simples, elles sont aujourd’hui clairement destinées à des objectifs de rencontres purement sexuelles. Grindr et Tinder restent les plus connues.
Accessibles depuis quelques années, elles permettent à leurs utilisateurs d’avoir un panel de photos plus ou moins suggestives pour susciter de potentielles rencontres sexuelles… de l’autre côté de la rue.

De plus en plus ciblées voire farfelues (on vous propose même de localiser un éventuel partenaire dans l’avion que vous prenez), l’objectif des créateurs est de “décomplexer la baise” et d’aider les usagers à obtenir l’objet de leur désir d’un soir.
“Fiables”, “sûres” (comment l’être derrière un écran ?), c’est le “ici et maintenant” qui explose.

DES SEXFRIENDS À SOUHAIT !

Le GPS du sexe est devenu une source proche et prolifique d’amants. L’application permet de commander et de consommer selon le goût et l’appétit avec un risque moindre de déception et de râteau ! Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un troc, d’un échange de bons procédés pour satisfaire deux désireux.

Contrairement aux sites de rencontres, le dialogue, la séduction sont évincés, ce qui importe c’est la satisfaction pulsionnelle via une complicité passagère. La montée de désir n’ayant pas pris une place de choix, si le ludique n’est pas au rendez-vous, l’esprit vagabonde bien vite vers d’autres visuels incitatifs pour combler l’envie du moment.
L’hyper-spécialisation du web pour rapprocher les esseulés (même religion, même statut social…) n’aura pas permis de combler ceux qui veulent toujours plus, toujours plus vite et surtout du sexe sans tabou et sans “blabla”.

Le but est aussi d’accentuer les rencontres réelles (de ce fait moins virtuelles , trop cachées, décevantes ou mensongères) par la prise en compte de l’envie directe et furtive avant que le désir ne s’évanouisse. Tout peut s’enchainer très vite grâce à la proximité, que l’on soit chez soi, en déplacement, ou encore en voyage…

La formule est directe, il suffit d’un clic mutuel et l’affaire est déjà pratiquement conclue. Reste à exprimer le besoin en quelques mots puisque l’attrait est synchrone. Au contraire, vous pouvez blacklister quelqu’un si sa tête ne vous revient pas !… et ainsi couper court au rêve érotique peut-être présent chez un de vos voisins.
Ces applis, dans je jeu du “j’aime-j’aime pas” ont aussi un pan ludique (sordide parfois) et permettent aux plus timides, curieux, maladroits, peu séducteurs (…) de ressentir moins de pression que dans une approche qui demande habiletés et confiance.  Les utilisateurs deviennent vite accrocs !

LE SEXE GÉOLOCALISÉ : LES BÉMOLS

Les expériences amènent quelques touches moins positives :

  • La gêne de cette localisation très précise. Il est évidemment possible que l’on découvre votre lieu d’habitation, vos habitudes de vie.
  • Le sentiment de jugement hâtif et de rejet quand l’autre ne vous étiquette pas à son tour comme favori. “Ma copine, mon pote ont plus de retour que moi…” Et ce sont les cogitations qui débutent. “Je ne suis pas assez beau/belle ? Attrayant(e) ? Sexy ?…” Le comparatif devient alors générateur de dévalorisation.
  • Le côté limitatif quand l’offre aux alentours est considérée comme “pauvre”. L’attirance pour quelqu’un de proche n’est pas assurée…
  • L’approche féminine de la rencontre est encore moins libérée que celle des hommes car elle reste plus émotionnelle (Les applis destinées aux gays ont d’ailleurs plus de succès).
  • Ces applications sont certes faciles et efficaces mais elles créent tout de même une certaine frustration pour ceux qui créent leur excitation via une séduction plus lente et riche.