Le terme « kinky » (à l’opposé de « Vanilla Sex » : partenaires sexuellement « conservateurs » qui considèrent que toute pratique sexuelle en dehors du lit conjugal est hors norme) vient de l’argot américain et signifie une pratique sexuelle sortant de la norme. Evidemment, nos propres normes nous laissent plus ou moins de marges de liberté dans notre approche et nos pratiques sexuelles.
Ce terme évoque habituellement des pratiques comme la fessée par exemple, mais évoque de manière plus “large” la domination et la soumission, le SM ou encore le fétichisme. Ces pratiques ne sont pas nouvelles mais leur démocratisation l’est davantage. De plus en plus d’individus, notamment des femmes, avouent ce penchant.
L’explosion des « Kink » est due à l’émission de télé-réalité canadienne KINK qui analyse les différentes pratiques sexuelles sur divers couples et les répercussions que cela entraîne.
Ce qui intrigue toujours les novices est : comment la douleur peut être un plaisir ?
La douleur, la soumission, tout comme l’humiliation et bien d’autres jeux BDSM (Bondage, Domination, Sado-Masochisme) impliquent une contrainte qui provoque un plaisir chez les deux partenaires. Là, se situe toute la complexité et la richesse de ces pratiques : c’est moins la technique (sauf pour les expert(e)s ;-)) qui est importante que la façon dont elle est vécue émotionnellement, ce qu’elle provoque dans l’imaginaire, ramenant aux souvenirs d’antan, aux fantasmes inavoués ou encore aux jeux de rôles…
En général, les sexologues réfutent la notion de sexualité et de relation sexuelle lorsqu’il s’agit de BDSM attribuant aux hommes une impuissance (physiologique ou pas) et aux femmes, une anorgasmie ; la pénétration étant peu incluse dans la relation voire totalement anihilée.
Les adeptes privilégient, eux, soit un plaisir purement cérébral, soit un plaisir lié à l’émission d’endorphine provoquant un état d’euphorie plus connu sous le nom de subspace. Leur frustration puis leur « libération orgastique » après une longue attente (parfois un jour entier voire plus…) valorisant leur montée crescendo du plaisir.
On ne peut pas faire une généralité sur les sensations éprouvées à travers ces jeux érotiques. Pour prendre l’exemple de la fessée, le ressenti de chaque personne est différent… chaque fesseur/se a sa technique, son expérience et chaque receveur/se à sa manière de les accepter et/ou de les subir…
On peut pratiquer cette gestuelle de manière très « soft », très furtive comme de manière très artistique en incluant des étapes particulières, des positions, des tenues, des temps de pause, la manière de la donner (main, fouet…), en étant sensuel , plus ou moins « violent »… Pour déterminer la manière dont doit se dérouler cette action, on fait place à l’intuition, au senti. L’administrer c’est infliger à l’autre ce qu’il attend de cette fessée , on doit savoir repérer selon ses cris, les traits de son visage, ses réactions corporelles… à quel moment et avec quelle force l’autre attend cette douce complicité dans la non-douleur.
La fessée peut faire entrer en jeu des rôles de soumission et de domination, favorisant les jeux de rôles, la sensation d’appartenance à l’autre… comme elle peut rester tout à fait unique dans une relation sexuelle “ordinaire”.
La fessée peut donc faire partie de ce qui représente la créativité des jeux BDSM, à travers la relation sado-maso (jeux centrés sur la douleur infligée et reçue générant le plaisir de celui qui reçoit et par empathie de celui qui la procure), la relation domination/soumission (prise de pouvoir voulue et acceptée dans le respect des règles) ou encore le fétichisme (seulement à l’extrême à travers le morcellement du corps).
Aujourd’hui, les adeptes du BDSM ne se sont pas « multipliés » du fait d’une certaine démocratisation, disons plutôt qu’on réussit aujourd’hui à coller une étiquette sur ce qu’est le SM de manière générale ! La pratique SM est très vaste, à tel point que « tout et n’importe quoi » peut y être vécu et donc “n’importe qui” peut en faire partie…
Il est vrai qu’habituellement on adore stigmatiser, cadrer les individus, mais est-ce réellement nécessaire ? Doit-on se confiner à certaines pratiques sexuelles pour s’affirmer comme appartenant à tel ou tel milieu ? …Pas si sûr… On peut avoir envie de découvrir… La curiosité nous amenant à diverses saveurs, à de nouvelles sensations… Etre SM, peut être simplement le fait d’intégrer ces jeux doux-loureux, laissant chacun libre de définir à partir de quelle pratique il entre dans cette catégorie, la « simple » fessée pouvant en faire partie… d’autres considérant qu’il faut être suspendu, bâillonné, percé, dilaté et j’en passe…
Peu de patients SM consultent. Les sexologues sont des « spécialistes » de la jouissance, voilà la question dont nous nous emparons afin d’aider les patients et la particularité des SM est que leur notion de la sexualité s’établit, certes au niveau corporel à travers les jeux qu’ils réalisent, mais surtout à travers les émotions du « haut ». Le côté cérébral est très présent dans l’élaboration des fantasmes à travers la mise en scène : les décors, les jeux de rôles, les objets, les vêtements…
La décharge orgasmique n’ayant qu’une importance moindre, quel rôle aurions-nous pour eux puisque leur volonté n’est pas la sexualité dans le sens où une grande majorité d’individus la vive mais bien comme une relation émotionnelle renversante, épuisante, bouleversante voire violente qu’ils intellectualisent.