L’ALLAITEMENT, UN PLAISIR SENSUEL ?
Certaines femmes ressentent un certain plaisir lors de l’allaitement. La sexologue Milène Leroy nous explique tout.
Outre les complications évitables et/ou curables (mais néanmoins douloureuses comme les crevasses ou les mastites par exemple) l’allaitement reste généralement une période agréable pour la mère.
La succion au niveau du mamelon provoque, chez la maman, la découverte d’une nouvelle source de plaisir. Cela est souvent passé sous silence : comment oser affirmer que la tétée du bébé procure cette sensation sensuelle voire érotique ? Mais de quel plaisir s’agit-il ? Procure t’il des effets similaires à ceux ressentis par la stimulation de la poitrine lors d’un rapport sexuel ? La majorité des femmes n’ayant pas éprouvé d’orgasme à l’allaitement, comment décrire celui qui est vu comme suspect ?
ALLAITEMENT ET ORGASME
La mère et le bébé partagent un moment de délassement lors de la tétée et ce ressenti se diffuse dans leurs corps. Mais toute sensation est propre à chacune et le plaisir que trouve la mère à allaiter est forcément multiple. Il y a évidemment le plaisir des cinq sens, la relaxation liée à la libération d’endorphines, le plaisir de nourrir soi-même, de faire et de se faire plaisir…
Au-delà de cette mise en exergue de la sensualité, les femmes passent, lors de l’allaitement, de la tension et/ou de la douleur au soulagement et/ou à l’apaisement. En effet, la maman ressent un bien-être lors de la succion qui la libère d’une montée de lait et une sérénité quant au besoin nutritif de son enfant.
Mais pour certaines, le plaisir physique entre en jeu : alors que les unes s’en inquiètent, les autres s’en délectent. De la culpabilité au plaisir intense, les hormones en jeu dans la lactation (notamment l’ocytocine), ont un impact sur le bien-être de la femme.
Les sensations génitales et/ou la jouissance sont explicables biologiquement parlant : l’allaitement est un acte lié à l’instinct de reproduction et à la survie de l’espèce. Ainsi, les hormones en jeu dans la lactation (notamment l’ocytocine) font partie des hormones sexuelles dont un de leurs rôles est de stimuler la contraction utérine. Allaiter favorise donc cette contraction en relation avec le plaisir sexuel, plus ou moins intense… Il est donc logique que certaines éprouvent un orgasme de “réflexe”.
Le tout-petit ne tète pas que par faim, c’est aussi sa première expérience d’échange sensuel. Tous ses sens et son besoin d’amour inconditionnel sont comblés. Son plaisir est exprimé par des mimiques, des sourires, des petits bruits mais aussi une détente corporelle et parfois même une érection chez le petit garçon.
ALLAITEMENT ET SENSUALITÉ AU SEIN DU COUPLE
L’aspect sensuel de l’allaitement reste l’angle le plus fréquemment abordé chez les mamans : le peau à peau avec l’enfant permet d’explorer une sensation agréable, (qui sera parfois impossible à vivre pour celles ayant vécu un abus physique). Le contact de la main, de la bouche, l’enlacement tout contre le sein peut combler, d’une certaine manière, la mère dans l’exploration de ses sens. Cette fusion peut parfois amener la mère à se détourner des contacts physiques avec son compagnon. L’overdose et l’hormone de l’attachement l’amenant à se tourner plus spécifiquement vers son bébé. Certains papas ressentent d’ailleurs une jalousie ou un sentiment d’abandon pendant ces quelques mois mais ils peuvent aussi prendre plaisir à voir le corps de leur compagne ainsi magnifié.
Parfois source de conflits, l’allaitement peut aussi offrir au couple, la possibilité d’érotiser un corps gonflé et plein de vie, qui réagit au rythme des caresses et des succions répétitives. La montée de lait à l’orgasme (voire son éjection) est une preuve du lien qui se crée instinctivement grâce à l’hormone du plaisir.
La femme est avant tout mère dans les 18 mois (environ) qui suivent l’accouchement, alors que certaines réussissent à allier ce nouveau rôle et la sexualité avec leur partenaire, d’autres ont besoin de ce temps pour vivre pleinement cette nouvelle étape de leur vie mais aussi pour se retrouver « femme ».